Argumentaire pour le vélo

Le vélo utilitaire soulève un étrange paradoxe, alors que tout le monde connait les principaux avantages du vélo en ville, il est sous utilisé, du moins en France.
Le vélo en ville a des atouts évidents :

Pour l’usager :
rapidité, souplesse, économie, pas de problème d’embouteillages ou de stationnements.

Pour la collectivité :
pas de pollution ni de bruit, faible consommation d’espace, des aménagements relativement peu coûteux.
Dans nos villes encombrées, polluées et bruyantes, ce mode de déplacement qui a tant d’avantages devrait logiquement avoir toute sa place.
Chacun explique à sa façon cet étrange paradoxe, mais les raisons les plus souvent avancées dans les conversations ne résistent guère à l’analyse.
Le vélo urbain a aussi des inconvénients. Mais ils sont souvent surestimés par les non cyclistes et même parfois par les cyclistes eux-mêmes.

1. Le vélo, en ville, c'est dépassé.
Faux ! Dans de nombreuses villes d'Europe, la pratique du vélo regagne du terrain : à Copenhague, Cologne, Milan...
En France, des frémissements sont perceptibles à Strasbourg, Nantes, Grenoble, Rennes ... Paris avec le Vélib !
Ces villes l'ont compris: le vélo est un excellent remède contre les embouteillages, la pollution atmosphérique, le bruit...

2. Les gens n'ont pas envie de rouler à vélo en ville.
Faux ! C'est à cause du trafic automobile que les gens ne roulent plus à vélo.
Dans toutes les villes qui ont eu le courage de modérer la circulation, la population retrouve rapidement le plaisir de se déplacer à bicyclette facilement et sans danger.
Comme la voiture, le vélo est un mode de déplacement individualiste qui correspond aux aspirations actuelles.

3. Le cyclisme urbain, c'est culturel. On n'est pas aux Pays-Bas!
Faux ! On rencontre des exemples de villes cyclables dans toute l'Europe, dans les pays latins comme dans les pays anglo-saxons, en France comme ailleurs.
Les cyclistes sont nombreux à Avignon comme à Dunkerque. Tout est une question de volonté politique. Certains maires, en France, ont décidé de rendre leur ville cyclable et d'en faire un argument électoral (Strasbourg, Nantes, Lorient...).

4. Le vélo, c'est fatigant.
Faux ! C'est moins fatigant que la marche à pied ou le stress d'un embouteillage. Les personnes âgées le savent bien. Rouler à bicyclette en ville, c'est augmenter son autonomie sans se fatiguer. Aller chercher son pain à vélo, ce n'est pas le Tour de France !
Plus de la moitié des déplacements urbains en voiture sont inférieurs à 3 km.

5.Le vélo en ville, c'est très dangereux.
Faux ! Les statistiques d'accidents urbains montrent qu'utiliser un deux-roues à moteur est effectivement très dangereux.
Mais rouler à vélo, est 8 fois moins dangereux, car les cyclistes ne font pas d'excès de vitesse.
Si, en plus, ils choisissent leur itinéraire, ce n'est pas plus dangereux que de circuler en voiture.

6. Impossible d'éviter le vol des vélos.
Faux ! Le vol n'est pas une fatalité. C'est parce que tout le monde se désintéresse de la question, qu'il y a tant de vols. Les cyclistes eux-mêmes sont très négligents.
En attachant son vélo à un point fixe, dans un endroit pas trop risqué, avec un cadenas haute sécurité en U, le risque devient quasi nul.
En sensibilisant tout le monde, certaines municipalités ont réussi à réduire de moitié les vols (cf. Groningue aux Pays-Bas).

7. Et puis, il y a les intempéries...
Faux ! Il n'y a que quelques jours par an où les intempéries posent vraiment un problème.
Et dans ce cas, il existe des protections efficaces qui vous couvrent de la tête aux pieds :
de quoi arriver impeccable à un rendez-vous d'affaires ou à une rencontre galante (n'oubliez pas d'enlever vos pinces à vélo !).

8. Impossible de faire ses courses à vélo...
Faux ! On peut faire ses courses ailleurs que dans un hyper-marché. Ce n'est souvent pas plus cher , car à vélo, les frais de transport sont insignifiants. On fait ses courses un peu plus souvent mais à proximité. Et puis il existe une vaste gamme de sacoches et de paniers.
Aux Pays-Bas, il est interdit de construire un hypermarché le long d'une autoroute !

9. Les cyclistes gênent le trafic automobile.
Faux ! C'est évidemment le contraire : ce sont les automobilistes qui gênent le trafic cycliste. Une voiture prend 4 fois plus de place en roulant qu'un vélo sur la chaussée.
Si 20 % des déplacements se faisaient à bicyclette, il y aurait bien moins d'embouteillages...
Encourager la pratique de la bicyclette, c'est améliorer l'accessibilité du centre-ville et revivifier ses commerces.

10. Les cyclistes font n'importe quoi. Ils ne respectent pas le Code de la
route.
Faux ! Il est impossible, pour un cycliste, de respecter scrupuleusement le Code.
Exemple : même s'il a la priorité, un cycliste évite de forcer le passage...
Parce qu'il se sent vulnérable (pas de carrosserie), le cycliste est généralement prudent.
Le Code n'est pas adapté au trafic cycliste, il est temps de le réformer (comme vient de le faire récemment la Belgique).

11. Les aménagements cyclables, c'est cher.
Faux ! Une piste cyclable, ce n'est pas gratuit, mais c'est environ 20 à 50 fois moins cher qu'une rocade urbaine de 2 x 2 voies (à même capacité horaire).
Avec l'argent de 5 km de rocade urbaine on couvre une grande ville d'un réseau complet d'aménagements cyclables.

12. Pour faire des aménagements cyclables, il faut un "schéma directeur".
Faux ! Un schéma directeur, c'est beaucoup de bureaucratie et c'est impossible à suivre à la lettre. Il vaut mieux des "principes directeurs" et beaucoup de pragmatisme.
Par exemple : profiter des travaux de voirie pour réaliser des aménagements, faire simple et sûr, associer les usagers aux projets et aux réalisations, commencer par répondre aux besoins les plus manifestes : aménager les abords des écoles, des campus, des équipements sportifs...

Bonne journée à tous ... En vélo bien sur ;-)

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